Les années Swing (1930-1940)
L'Amérique des années trente
Sérieusement touché par le crach de Wall Sreet en 1929, Les Etats-Unis vit une période difficile (crise économique, 25% de chômage). En 1932, le président Franklin Roosevelt arrive au pouvoir. Avec lui, les Etats-Unis mettent en oeuvre un plan économique pour enrayer la crise: Le New Deal. Les années sombres que l'Amérique a connues après le crack ne devaient rester qu'un simple souvenir. Le New Deal redonne combativité et optimisme à une société désireuse de retrousser ses manches et de regarder vers l'avenir.
La naissance du Swing
Le peuple a besoin d'une musique entraînante et réconfortante. Les Américains qui avaient su éviter la ruine aspiraient au divertissement. C'est pour le jazz le moment de s'exprimer au grand jour.
Jusque là considéré comme une musique culte, le jazz devint la musique Américaine la plus populaire. Le Swing envahit les dancings et les revues musicales. Les cabarets exigent des paillettes, du mouvement et du bruit, le public désire s’étourdir dans le mirage d’une prospérité d’apparat, l’ivresse de la danse et les artifices du luxe pour mieux percer ses désillusions et tenter d’oublier la récession. On veut effacer le stress dans une profusion de strass et secouer son spleen dans les convulsions du swing.
Jamais comme ces années-là une musique n'avait répondu au goût et aux exigences d'un public jeune en quête d'émotions, un public qui représentait tous les Américains, sans distinction de race. Telle est la raison de la vogue sans précédent du swing et par là même du jazz.
Les orchestres de Jazz attirent des millions de spectateurs dans les salles de concerts et cinémas. Ces ensembles furent au coeur d'une vogue qui dura plus d'une décennie bien au-delà des frontières Américaines: l'ère du Swing. Désormais, les américains répondront à ce nouveau mot d’ordre du jazz : le swing. Ils se jetteront en choeur dans la furieuse mêlée du swing, parleront et chanteront swing, travailleront, s’aimeront et rêveront swing.
L'Américain qui avait appris à chanter dans la chorale de l'école, à jouer dans la fanfare de l'école, à se battre dans la rue n'avait guère que trois solutions s'il voulait s'en sortir: la musique, la boxe ou la combine. Celui qui choisissait la musique faisait du jazz sans se poser de question.
La vie quotidienne du jazzman pouvait commencer l'après-midi au cinéma, où il accompagnait des films muets et continuer dans un dancing, un club ou un restaurant. Afters hours (après les heures de travail), le musicien courait les boîtes pour affronter les concurrents et certains finissaient même leur nuit en animant les petits déjeuners des grands hôtels.
La folie du Swing (musique très enlevée sur un tempo rapide qui se caractérise par une pulsation régulière) voit donc le jour en Californie avec les succès remportés par le grand orchestre de Benny Goodman. Ce dernier dirige également de plus petites formations (sextettes voir trios) incluant des musiciens noirs et jouant une musique moins facile que le répertoire du grand orchestre, davantage orienté vers le music-hall. Le succès de Goodman fait des émules. Apparaissent alors de grands orchestres, composés de Noirs et de Blancs, qui se produisent un peu partout dans le pays.
Le Swing vint à la rescousse de l'industrie du disque. Alors qu'en 1932 se vendait 10 millions de disques aux Etats-Unis, celles-ci atteignent 50 Millions en 1939: le monde du spectacle fut donc l'un des premiers secteurs à se ressaisir.
Le Swing et la seconde guerre mondiale
En 1941, les Etats-Unis entrent en guerre, ce qui bouleverse bien entendu l'existence des jazz men. Certains sont mobilisés, d'autres enregistrent les fameux V-Disc (Disque de la victoire), produits exclusivement par les forces armées et sur lesquels était enregistrée la meilleure musique de l'époque. Cette musique était destinée à soutenir le moral des combattants. Les V-Disc (V pour Victoire) furent les seuls disques produits par les Etats-Unis pendant la guerre.
Les formations jouaient tous les jours, sur place ou en tournée. L'ambition de ces ensembles étaient de faire danser. Le jazz résonne plus que jamais dans les cabarets new-yorkais. Des centaines d'ensembles font leurs tournées. Parmi les plus célèbres: Chick Webb (batteur, chef d'orchestre), Benny Goodman (chef d'orchestre, clarinettiste surnommé le roi du Swing), Glenn Miller (tromboniste, chef d'orchestre). Les orchestres élargis leurs sections, ils ont désormais le pouvoir de s'imposer dans les plus grandes salles de concert.